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Dango, le péché mignon des enfants.

Dans le kyûreki, le mois de mai est-il aussi joli qu’en France ? La réponse est un grand oui, car au Japon aussi, le mois de mai est celui de l’accomplissement. On parlera de pousses de bambou et du concept du shun, terme qui exprime la saisonnalité d’un produit, et qui est central dans la culture culinaire japonaise. Nous parlerons aussi de la plantaison du riz et de la récolte des thés les plus préstigieux qui se déroule à cette période. Ce sera l’occasion de vous raconter la légende du thé et du moine Bodhi-Dharma. Enfin, nous évoquerons l’événement le plus marquant du mois : kodomo-no-hi, la journée des enfants. Nous terminerons par la recette du mois : les dango tricolores, un grand favori des enfants, d’une délicieuse élasticité.

Cliquez ici pour découvrir la recette de dango !

Mai dans le kyûreki

Kô 18. 牡丹華, « BOTAN HANA SAKU », les pivoines sont en fleur, du 30 avril au 4 mai.

« RIKKA »( 立夏), le début de l’été, du 5 au 20 mai, 7ème sekki.
Kô 19. 蛙始鳴, « KAWAZU HAJIMETE NAKU », les grenouilles se remettent à coasser, du 5 au 10 mai.
Kô 20. 蚯蚓出, « MIMIZU IZURU », les vers de terre refont surface, du 11 au 15 mai.
Kô 21. 竹笋生, « TAKENOKO SHÔZU », les pousses de bambou sortent de terre, du 16 au 20 mai. «

SHÔMAN » (小満), Végétation luxuriante, du 21 mai au 5 juin, 8ème sekki.
Kô 22. 蚕起食桑, « KAIKO OKITE KUWA WO HAMU », les vers à soie se régalent de feuilles de mûrier, du 21 au 25 mai.
Kô 23. 紅花栄, « BENIBANA SAKAU », les carthames fleurissent en abondance, du 26 au 30 mai.
Kô 24. 麦秋至, « MUGI NO TOKI ITARU », Le blé est prêt à être récolté, du 31 mai au 5 juin.

Références :

– Shun 旬 : primeur. Retrouvez la définition détaillée de Chihiro Masui dans l’entretien de février : https://www.maisondumochi.fr/magazine/le-podcast-tsukimi-episode-10-chihiro-masui-ecrivaine-et-journaliste-culinaire/

– La recette du takenoko gohan de Camille Oger : http://www.lemanger.fr/index.php/takenoko-gohan-riz-aux-pousses-de-bambou/

– comment préparer les pousses de babmbou par Camille Oger : http://www.lemanger.fr/index.php/preparer-les-pousses-de-bambou/

– le yabukita, cultivar du camellia sinensis : https://www.chercheurdethe.com/2010/11/09/yabukita-cultivar-du-japon/

Vocabulaire

– Shun 旬 : primeur, désigne un ingrédient de saison.

– Takenoko 筍 / 竹の子 / タケノコ : pousse de bambou

– Takikomi gohan / 炊き込みご飯 : riz mélangé, préparation à base de riz que l’on fait cuire avec du dashi (bouillon à base de kombu et de sauce sija), et d’autres ingrédients comme des champignons ou des légumes.

Muriel Barbery, copyright Boyan Topaloff.

Agrégée de philosophie, Muriel Barbery publie en 2000 son premier roman « La Gourmandise » et son deuxième « L’élégance du Hérisson » en 2006. Celui-ci rencontre un succès phénoménal. Au même moment, Muriel Barbery décide de partir à Kyoto où elle vit 2 années. Muriel Barbery parle de cette rencontre comme du plus grand choc de sa vie d’adulte. Allons donc à la découverte de ce Japon vu par Muriel Barbery.

Références :

– Les livres de Muriel Barbery cités : L’élégance du Hérisson (éditions Gallimard), Une Rose seule, Une heure de ferveur (tous deux chez Actes Sud).

– Off micro, Muriel B nous a parlé d’une enseigne qui propose des daifuku fourré aux fruits frais : https://morethanrelo.com/en/benzaiten-daifuku-nagoya/

– Le livre conseillé pour découvrir le Japon : Le livre du thé, de Okakura Kakuzō.

– L’invité : Jean-Baptiste Del Amo, écrivain et passionné du Japon.

– la douceur préférée de Muriel Barbery : le warabi mochi. Il se présente sous la forme de cubes à la texture proche du mochi, enrobés de kinako, une poudre de soja grillée.
– Le kanji de la pluie : .

Sakura mochi, le wagashi du printemps

Dans cet épisode dédié au mois d’avril, nous allons parler de l’effervescence que l’on observe dans le kyûreki et la nature. Nous allons aussi parler des arcs-en-ciel et de la légende de la création du Japon. Nous allons aussi évoquer la rentrée des classes qui a lieu à cet période et enfin nous allons vous détailler la recette du fameux sakura mochi.

Pour découvrir la recette du sakura mochi, c’est par ici !

Avril dans le kyûreki

雷乃発声, Kaminari sunawachi koe wo hassu, le tonnerre commence à gronder, du 31 mars au 4 avril.

清明 Seimei – Pureté et clareté

玄鳥至, « TSUBAME KITARU », les hirondelles sont de retour, du 5 au 9 avril.

鴻雁北, « KÔGAN KAERU », les oies sauvages migrent vers le nord, du 10 au 14 avril.

虹始見, « NIJI HAJIMETE ARAWARU », les premiers arcs-en-ciel apparaissent, du 15 au 19 avril.

穀雨 Kokuu – La pluie fait pousser le grain

葭始生, « ASHI HAJIMETE SHÔZU », les roseaux commencent à pousser, du 20 au 24 avril.

霜止出苗, « SHIMO YAMITE NAE IZURU », la fin des gelées et le début de la croissance des brins de riz, du 25 au 29 avril.

牡丹華, « BOTAN HANA SAKU », les pivoines sont en fleur, du 30 avril au 4 mai.

Références :

– Le rhume des foins au Japon dans le Courrier International : https://www.courrierinternational.com/breve/2005/04/27/les-ravages-du-rhume-des-foins-dus-a-l-alteration-du-climat

– « Les 24 saisons de Nanako », de Pascale Moteki.

– 72 saisons du Japon, Ichiban Japan.

– La recette du matcha : cliquez ici !

Vocabulaire

– Kafunshô 花粉症 (« maladie du pollen ») : rhume des foins.

Il existe plusieurs sortes de Sakura Mochi. Il y a le sakura mochi de Tokyo, qui consiste en une crêpe rosée, repliée en deux sur une noix d’anko, cette crème de haricot rouge, et enveloppée d’une feuille de cerisier. Il y a également le sakura mochi façon Kansai, qui est la région de Kyoto, où il s’agit d’une boule de riz gluant fermée, fourrée à l’anko, et enveloppée de la feuille de cerisier. C’est cette version que nous vous proposons de fabriquer.

Au sujet des ingrédients : on peut soit choisir de travailler à partir de riz gluant, ou bien de riz gluant concassé appelé domyojiko, ou encore de farine de riz gluant classique. Nous vous proposons ici de travailler avec du riz gluant pur.

Sakura mochi
Pour 6 mochis

Temps de préparation : 30 min
Temps de cuisson : 15 minutes environ

Matériel
Un rice cooker ou une casserole munie d’un couvercle.

Ingrédients :
200g riz gluant
300g d’eau
50g sucre
colorant rose
6 feuilles de cerisier saumurées
110g anko

1. Préparez le riz : d’abord lavez-le en le versant dans un bol rempli d’eau. Massez-le avec la main, puis égouttez-le bien. Mélangez-le ensuite avec le sucre, l’eau et le colorant (le dosage va dépendre du colorant choisi). Versez dans le rice cooker, et lancez en cuisson classique. Selon le type de colorant, il peut être Lorsque le riz est cuit, versez dans un bol et mélangez délicatement le riz à l’aide d’une spatule à riz ou d’une maryse si vous n’avez pas.

2. Divisez l’anko en 8 portions, et roulez chacune entre vos mains pour former des boules. Faites tremper les feuilles de cerisier dans un bol d’eau.

3. Pesez 40g de riz, saisissez dans vos mains humides et aplatissez-le en rond. Déposez au centre la noix d’anko, et refermez autour le riz. Déposez sur une assiette, et procédez de même pour les 5 autres.

4. Séchez légèrement chaque feuille de cerisier dans un torchon plié en deux. Déposez à plat, côté nervuré vers l’extérieur, et déposez une boule de riz à la base, repliez la feuille par-dessus.

Dégustez sans attendre. Vous pouvez préparer les boulettes de riz quelques heures à l’avance en les conservant dans une boite munie d’un couvercle. Les feuilles en revanche sont à disposer au dernier moment.

Découvrez également nos recettes de uguisu mochi, ichigo daifuku, ohagi mochi, et bien d’autres encore !

Le duo de dessinateurs derrière Issekinicho : Delfine et Alex.

Issekinicho est une maison d’édition spécialisée dans le Japon, c’est aussi un duo de dessinateurs passionnés par ce pays. Après un voyage coup de cœur au Japon, Alex et Delfine partent vivre en 2010, deux années à Tokyo. Aujourd’hui, Delfine et Alex vivent en France et dirigent une maison d’édition, celle-là même qui a publié les livres d’atelier Sentô, avec qui nous avons eu un entretien en épisode 8. Dans cet épisode, nous parlons de leurs métiers d’illustrateurs et d’éditeurs. Nous évoquons aussi les raisons pour lesquelles ils aiment tant le Japon, et quelques astuces de voyageurs pour ceux qui souhaitent visiter le pays.

Références :

– Signification d’Issekinicho : expression japonaise équivalente à « d’une pierre deux coups ».
– Le site d’Issekinicho : http://www.issekinicho.fr/accueil/
– Le premier itinéraire du duo au Japon : Osaka, Kyoto, Nara, Hiroshima, Sud de Kyushu avec bain de sables à Ibusuki. Le petit village de campagne : Tsuwano.
– Leur logement à Tokyo a été trouvé via l’agence Oak House
– Le livre sur les singes du Japon : https://www.issekinicho.fr/editions/Saru/
– le guide du voyageur au Japon « Kotchi kotchi » : https://www.issekinicho.fr/editions/produit/kotchi-kotchi-guide-du-voyageur-au-japon/
– Village Vanguard : la chaîne de boutiques japonaises où ils aiment aller.
– Site internet pour acheter des graines ou plants de légumes japonais : Promesse de fleur. Patate douce variété murasaki : https://www.promessedefleurs.com/potager/plants-potagers/plants-potager-de-a-a-z/patate-douce-murasaki-29-en-plants-bio-ipomoea-batatas.html
– La douceur de Delfine : Ichigo daifuku, cliquez-ici pour la recette !
– La douceur d’Alex : Yamazaki Pan et le gateau de lune 山崎パンの月餅 le nom complet à l’air d’être Tokusen geppei 特撰 月餅
– Le mot préféré : Asameshi mae littéralement « avant le repas » ça veut dire « les doigts dans le nez »
– la personnalité à inviter : Angelo Di Genova : insta https://www.instagram.com/horizonsdujapon/ Sa chaine youtube : https://www.youtube.com/c/musubivideojapon

Botamochi, le wagashi de l’équinoxe du printemps

Dans cet épisode, nous parlons du mois de mars. Un mois dont on se rappelle comme celui du retour de la lumière et celui de l’attente : on attend que les beaux jours reviennent, on attend que le sol dégèle mais surtout, et d’autant plus au Japon, on attend les fleurs.  Et d’entre toutes les floraisons, c’est celle du cerisier appelé sakura que l’on attend. Découvrez pourquoi le sakura est-il devenu si important dans la culture japonaise, et comment on le célèbre. Découvrez aussi la légende de la princesse Sakura et les traditions de fin d’année scolaire au Japon, qui se déroulent en mars. Enfin, nous vous parlons du botamochi, la douceur associée à l’équinoxe du printemps, que l’on célèbre sous le nom de Shubun-no-hi.

Pour découvrir la recette du botamochi, c’est par ici !

Mars dans le kyûreki

草木萌動, Sômoku meba izuru, les plantes commencent à germer, du 1er au 4 mars.

啓蟄 Keichitsu – le réveil des insectes

蟄虫啓戸, Sugimori mushi to wo hiraku, les insectes refont surface, du 5 au 9 mars.

桃始笑, Momo hajimete saku, les pêchers commencent à fleurir, du 10 au 14 mars.

菜虫化蝶,  Namushi chô to naru, les chenilles se métamorphosent en papillon, du 15 au 20 mars

春分 Shubun – L’équinoxe de printemps

雀始巣, Suzume hajimete sukû, les moineaux commencent à nicher, du 21 au 25 mars

桜始開, Akura hajimete hiraku – les fleurs de cerisiers s’ouvrent, du 26 au 30 mars

雷乃発声, Kaminari sunawachi koe wo hassu, le tonnerre commence à gronder, du 31 mars au 4 avril.

Références :

Ryo Wakana vend ses wagashi sur le marché de Saint Martin d’Uriage tous les mercredi et à Revel un samedi sur deux. Ryo anime également des ateliers de patisserie japonaise chez Ozenya à Grenoble.
3 mars, Hina matsuri, la fête des petites filles.
Lien vers la légende de la princesse sakura. Cette légende aurait été prélevée dans le livre de Frederick Robert « L’influence de la lune sur les cultures » : http://triskele.eklablog.com/hanami-a125893880
Exemple de hakama traditionnels et modernes : https://mon-kimono.com/collections/hakama

Vocabulaire :

– Fukinotô (ふきのとう) : tiges de pétasite du Japon.
Hakama (袴). Il s’agit d’un pantalon aux jambes très larges, noué à la taille et qui comportante 7 plis. On le porte par-dessus le kimono. C’est la tenue traditionnelle des samouraïs. Il existe des hakama dont les jambes ne sont pas séparées, on les appelle andon bakama (行灯袴). De nos jours, ce pantalon est encore utilisé dans certains arts martiaux comme l’aïkido. C’est aussi un vêtement de cérémonie pour les mariages et aussi les remises de diplôme.
– Mitaté 見立て : concept d’évoquer sans imiter, en laissant faire l’imagination. Comme par exemple dans l’uguisu mochi, un wagashi qui évoque la bouscarle chanteuse sous pour autant l’imiter.
– Nanohana (菜の花/なのはな) :  fleurs de colza.
– Sakura (桜 / 櫻 / さくら) : cerisier ornemental japonais, le mot désigne aussi les fleurs de cerisier.
Sotsugyôshiki (卒業式/そつぎょうしき), la cérémonie de remise des diplômes.
– Takenoko (たけのこ) : les pousses de bambou.
– Tanpopo (たんぽぽ) : pissenlits.
– Taranome (タラの芽/たらのめ) : pousses d’angélique du Japon.
– Tsukushi (つくし) : prêle des champs.


A la mi-mars, on célèbre Shubun-no-hi, l’équinoxe de printemps. C’est un jour férié au Japon, qui peut changer d’année en année car il est lié aux mouvements astronomiques. Généralement, il est célébré entre le 19 et le 22 mars. Cette journée d’équinoxe s’inscrit dans un festival bouddhiste de 7 jours appelé Haru no Higan (春の彼岸). Pendant cette période, on rend visite à sa famille et aux tombes de ses ancêtres que l’on nettoie et que l’on fleurit. A cette période, on déguste également une pâtisserie appelée botamochi, du nom de la pivoine qui se dit bota en japonais. Ce n’est pas encore chez nous la saison des pivoines qui survient plutôt en avril, mais c’est la fleur traditionnellement associée à cette pâtisserie printanière.

Le botamochi est en quelque sorte un daifuku inversé, avec le riz gluant au cœur et la crème de haricot appelé anko autour. C’est la même pâtisserie que le ohagi mochi à ceci prêt que ce dernier se déguste à l’équinoxe d’automne, et prend donc le nom d’une plante qui fleurit en automne, le hagi. Si vous souhaitez la recette du ohagi mochi, cliquez ici. Mais pour le botamochi, je vous propose un variation autour de la coco et de l’amande, avec un peu de poudre de betterave pour évoquer les pétales de mes pivoines préférées, d’un rose pale teinté de jaune.

Botamochi

Temps de préparation : 15min
Temps de cuisson : 20 minutes
Temps de repos : 30 minutes

Matériel
Un rice cooker ou une petite casserole à fond épais et couvercle
Un mixeur

Ingrédients (pour 6 botamochi)
100g de riz gluant et 105g d’eau
Pour l’enrobage : 110g de poudre d’amande, 100g coco finement râpée, 83g sucre de canne bio, 4g sel (1/2 cuil. à café), 60g huile de coco désodorisée, 1 à 2 cuillère à soupe d’eau.
Pour la coloration : poudre rose de pitaya (ou de framboises lyophilisées).

1. Lavez le riz en le plongeant dans un bol d’eau, puis en le brassant à la main, puis égouttez-le. Faites cuire le riz gluant au rice cooker avec la juste quantité d’eau. Si vous n’en avez pas, suivez la recette suivante : versez dans une petite casserole le riz et l’eau, mélangez puis couvrez. Lancez le minuteur à 18minutes, et allumez le feu en portant à ébullition. Lorsque la vapeur commence à filtrer aux commissures du couvercle, baissez sur feu doux et prolongez la cuisson jusqu’à la fin des 18 minutes. Versez dans un plat, mélangez délicatement à l’aide d’une cuillère à riz et laissez tiédir.

2. Pendant ce temps, préparez l’enrobage. Dans le bol d’un mixer, versez les ingrédients sauf l’eau et la poudre de pitaya. Mixez pendant une minute, pour obtenir une poudre bien fine. Versez dans un bol et ajoutez l’huile de coco, massez avec les doigts pour la répartir puis ajoutez progressivement l’eau en amalgamant toujours avec les doigts. En fonction de l’humidité de vos ingrédients, il est possible qu’il n’y ait pas besoin de la totalité d’eau. Lorsque l’ensemble forme une boule, c’est prêt. Ajoutez un peu de poudre de pitaya et mélanger rapidement, la coloration doit rester aléatoire. Laissez reposer une trentaine de minutes à température ambiante.

3. Divisez la pâte à base de coco en 6 parts. Saisir une part, roulez-la entre vos mains et aplatissez la dans la paume. Déposez au centre une boulette de riz gluant (environ 30g), puis refermez la pâte autour. Roulez la entre vos main et donnez lui une forme ovale. Procédez de la même manière pour les 3 autres.

Se conserve 1 journée au frais dans une boîte hermétique.

Découvrez également nos recettes de uguisu mochi, ichigo daifuku, ohagi mochi, et bien d’autres encore !

© Taisuke Yoshida

Dans cet épisode, nous invitons Chihiro Masui, écrivaine et journaliste culinaire. Vous pouvez notamment la lire sur The Spoon of Paris dont elle est devenue l’une des plumes. L’une de ses spécialités en matière de livre est la co-écriture avec les grands noms de la gastronomie contemporaine. Aventurière du goût, c’est aussi une dénicheuse de bonnes adresses pouvant convenir à tous les budgets. Dans cet épisode, nous parlons de son enfance voyageuse, et de son héritage culturel puisant ses origines dans le Kansai, et discutons des différences entre cuisines japonaises et françaises. Petite bonus, Chihiro nous parle aussi d’un restaurant-mystère à Tokyo, dont elle n’a pas le droit de dire le nom et elle vous explique pourquoi !

Références :

– Le site de Chihiro Masui : https://chihiromasui.com/
– Ses article sur the Spoon of Paris : https://spoonofparis.com/

– shun 旬

 l’origine c’est un mot venu du chinois qui désigne « dix jours », devenu dans l’ancien temps un terme qui désignait les 1, 11 et 21 du mois, ainsi que le 16, quand l’empereur écoutait les doléances de ses ministres et tenait un banquet. Progressivement limité à une cérémonie le 1 avril (le shun du début de l’été) et le 1 octobre (le shun du début de l’hiver), et les deux ensemble que l’on appelait le « shun des deux débuts ».

La coutume du shun du début de l’été était d’offrir un éventail, et un bébé ayu (poisson) que l’on appelle « poisson de glace » pour le shun du début de l’hiver. Ainsi le terme est progressivement devenu un mot pour désigner la période à laquelle un légume ou un produit de la mer est à son apogée gustative.

Aujourd’hui le mot « shun » est employé pour désigner:

1) hashiri ou le hatsumono, qui se traduirait grossièrement par « primeur ». Un produit qui arrive avant la saison ou au tout début de la saison. Ryoko Sekiguchi a beaucoup parlé du nagori, notion qui ne me parle pas énormément en ce qui me concerne, mais qui fait partie de la trilogie de la saisonnalité d’un produit: hashiri (courir) = le début; sakari (quand on a le plus d’énergie et d’abondance, on emploie aussi parfois ce mot dans un contexte littéraire pour désigner la passion charnelle dans un couple) = la pleine période; nagori (nostalgie) = la fin.

Dans la culture courante, on parle surtout du hashiri, que l’on appelle aussi « hatsumono » qui veut dire « premier produit ». C’est le côté éphémère, jeune, « premier », « blé en herbe » qui plait dans ce concept.

2) la période où la récolte d’un produit est la plus abondante.

3) la période à laquelle le produit est le meilleur.

(Ce qui est symptomatique du caractère non cartésien de la culture japonaise, où un mot désigne trois choses presque contradictoires ! )

*1) Au Japon on dit que quand « on mange un hatsumono on vit 75 jours de plus », et un produit en tout début de saison est fragile et rare, donc onéreux. Les exemples les plus typiques sont le premier katsuo (bonite) et le premier bambou. Moins goûteux qu’à l’apogée de leur saison, ce sont des produits précieux venus directement du lieu de production ou de pêche.

*2) La période d’abondance n’est pas forcément la meilleure saison en terme de goût. Par exemple pour les poissons qui abondent sur les côtes pour pondre mais qui sont amaigris et affaiblis par la ponte.

En résumé :

Le mois de février est au Japon le premier mois du printemps. Ralentie par le froid, la nature opère toutefois des petits changements qu’il faut savoir observer. Février est aussi le mois de la neige et du froid : explorez avec nous quelques unes des activités préférées des Japonais par temps froid. Enfin, c’est le mois où l’on déguste et l’on prépare l’uguisu mochi, en hommage à la bourscarle chanteuse annonciatrice de printemps : découvrez ce wagashi et apprenez à le confectionner maison.

Février dans le kyûreki

30 janvier -3 février – 鶏始乳 Niwatori hajimete toya ni tsuku – Les poules commencent à pondre leurs œufs.

立春 Risshun – Le début du printemps

4-8 février – 東風解凍 Harukaze kôri o toku – Le vent d’est fait fondre la glace.

9-13 février – 黄鶯睍睆, Uguisu naku – les bouscarles chanteuses se remettent à chanter, du 9 au 13 février.

14-18 février – 魚上氷 Uo kôri o izuru – Les poissons jaillissent de la glace.

雨水 Usui – L’eau de pluie

19-23 février – 土脉潤起 Tsuchi no shô uruoi okoru – La pluie humidifie la terre.

24-28 février – 霞始靆 Kasumi hajimete tanabiku – La brume commence à s’attarder.

Références :

– Les estampes de Utagawa Hiroshige, notamment la nuit de neige à Kambara qui est une pure merveille : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiroshige#/media/Fichier:Hiroshige_nuit_de_neige_%C3%A0_Kambara.JPG
– Le livre du thé, de Kakuzô Okakura : ce livre explore l’idéal du thé ou voie du thé au Japon. Au delà de la cérémonie, la voie du thé est une recherche spirituelle, où la grandeur réside dans les plus menus faits de la vie. C’est une façon de vivre, en marge des rêves de conquête et de célébrité, où l’infiniment petit est le lieu de tous les accomplissements. Une lecture ressourçante, qui aide à envisager son quotidien sous un autre jour, comme un lieu d’accomplissement.

Un peu de vocabulaire

Yuki 雪 : neige

kona-yuki 粉雪 : neige en forme de poudre, poudreuse

tama-yuki 玉雪 : boules de neige qui apparaissent au début et à la fin de la saison hivernale

hai-yuki 灰雪 : neige de cendre, neige légère qui virevolte dans l’air

wata-yuki 綿雪 : neige de coton, une neige épaisse comme le coton

mochi-yuki 餅雪 : neige collante comme le mochi

beta-yuki べた雪 : neige lourde (qui contient plus d’eau que mochi-yuki)

mizu-yuki 水雪 : neige fondue

mamemaki 豆撒き : lancer de haricot pour chasser les mauvais esprits, pratiqué le jour de Setsubun, le 3 février.

Darumaichi だるま市, le marché du daruma

Au tout début du printemps, on déguste une pâtisserie emblématique appelée « uguisu mochi ». Elle célèbre le chant de l’uguisu, la bouscarle chanteuse, annonciatrice de printemps, évoqué dans le kô numéro 2 du kyûreki 黄鶯睍睆, « UGUISU NAKU », les bouscarles chanteuses se remettent à chanter. Il s’agit d’un type de daifuku mochi (boule de riz gluant fourré d’anko), que l’on façonne en oval, et que l’on pince de part et d’autre pour imiter la silhouette d’un oiseau. On le saupoudre d’un vert clair, pour évoquer le plumage de l’oiseau, il peut s’agir de kinako vert ou comme ici d’un mélange de kinako (poudre de soja grillée) et de matcha, comme ici.

Ingrédients

– le cœur : 240g anko

– l’enveloppe : 80g de farine de riz gluant, 70g sucre, 140ml d’eau, fécule de maïs pour poudrer.

– le poudrage : 1 cuillère à café de matcha, 1 cuillère à café de kinako jaune (ou 2 cuillèe à café de kinako jaune).

1. Faites 8 boules avec l’anko.

2. Lancez le cuit-vapeur. Fabriquez la pâte à mochi : mélangez la farine et le sucre, puis ajoutez l’eau et fouettez. Versez dans un bol, recouvrez d’une assiette et déposez dans le panier du cuit-vapeur quand cette dernière est bien abondante. Cuisez 30min.

2. Saupoudrez un plan de fécule. A l’aide d’une corne pâtissière, déposez la pâte au centre, et saupoudrez de fécule. Laissez refroidir 5 minutes.

3. Coupez la pâte à l’aide d’une paire de ciseaux en 8 morceaux. Saisir un morceau, et aplatir en rond, disposez au centre ou noix d’anko, et repliez la pâte par dessus en pinçant les bords pour que la boule se referme.

4. Façonnez en un oval, et pincez de part et d’autre. Juste avant dégustation, saupoudrez du mélange matcha et kinako.

Découvrez également nos recettes de mitarashi dango, fondant au chocolat, ichigo daifuku, ohagi mochi, et bien d’autres encore !

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