Étiquette : thé à la japonaise
Voilà, Tsukimi fait enfin sa rentrée, après de 8 mois de pause ! Nous inaugurons par la même occasion un nouveau cycle. Tandis que les interviews mensuelles vont continuer comme d’habitude, les épisodes courts quant à eux évoluent : nous allons cette année plonger dans l’histoire japonaise. Chaque épisode sera ainsi dédié à la découverte d’une tranche de l’histoire japonaise par le biais d’une figure historique dont je ferai le portrait.
Et pour inaugurer cette série, nous allons parler de ma figure historique japonaise préférée : il s’agit d’une dame de cour ayant vécu au Xe siècle, et qui est considérée comme l’une des plus fines plumes du Japon, car elle aurait écrit rien moins que le tout premier roman de l’histoire : nous allons dresser le portrait de la remarquable Murasaki Shikibu, autrice du Dit du Genji.
Lady Murasaki par Harunobu Suzuki, vers 1767.
L’une des premières romancières de l’histoire.
Murasaki est donc considérée comme la pionnière du genre romanesque. Pour vous donner de quoi comparer, dans la littérature occidentale, on considère généralement que le roman moderne naît avec Chrétien de Troyes. Or Chrétien de Troyes a vécu au XIIe siècle, soit un siècle plus tard que Murasaki Shikibu. Et non seulement a-t-elle composé un texte d’un genre totalement nouveau, mais encore son roman appelé « Le Dit du Genji » est un récit extrêmement long et complexe qui décortique les fluctuations du sentiment amoureux, et plus largement de l’expérience humaine, avec la plus grande finesse.
C’est doublement remarquable, d’un point de vue chronologique, car elle paraît incroyablement en avance sur son temps. Mais également considéré que Murasaki Shikibu ait accédé à la reconnaissance de son vivant, alors même qu’elle était une femme au cœur d’une société hautement patriarcale, même si à l’époque de Heian où Murasaki Shikibu a vécu, les femmes étaient plus libres qu’au XIXe siècle par exemple. Mais avant de nous plonger dans l’œuvre de Murasaki Shikibu, je vous propose d’évoquer le contexte.
Une figure de la période de Heian, 794-1185.
Murasaki Shikibu a vécu entre l’an 973 et l’an 1025 environ à l’époque de Heian, considérée comme l’âge d’or de la cour impériale. Celle-ci doit son nom au fait qu’elle soit basée à Kyoto, anciennement appelée Heian-kyo qui signifie « capitale de la paix ». L’époque de Heian fait suite à l’époque de Nara et commence en 794 après le déplacement de la capitale par l’empereur Kanmu, qui cherchait à fuir l’influence des monastères de Nara.
Cette période se caractérise par la domination du Clan des Fujiwara : le pouvoir n’est qu’en surface aux mains de la famille impériale mais ce sont eux qui en réalité le détiennent. Les Fujiwara sont des aristocrates haut-fonctionnaires d’Etat, qui dominent le jeu politique par le biais de choix stratégiques. Notamment une politique matrimoniale redoutablement efficace qui oblige les membres mâles de la famille impériale à se marier à leur filles. Ce qui fait que beaucoup d’empereurs de cette période ont pour mères des femmes Fujiwara.
L’ère de Heian est aussi considéré comme une période d’excellence dans la culture et dans l’art japonais. Elle correspond au moment ou l’identité japonaise se cristallise et trouve son propre langage. Après la phase d’imitation de la culture chinoise au cours des époques précédentes, l’élite japonaise adopte une attitude plus critique et montre la volonté d’affirmer « l’esprit du Japon ». En peinture, en calligraphie, en poésie, un style japonais s’esquisse. Avec, par exemple des thématiques récurrentes comme l’évocation de la nature et de ses 1001 métamorphoses saisonnières, pour illustrer l’impermanence de ce monde. Cette thématique est centrale le Dit du Genji.
Cette sophistication touche également les critères de beauté qui deviennent très codifiés. Les hommes et les femmes aristocrates poudrent leur visage et noircissent leurs dents. L’idéal masculin de la cour comprend une légère moustache et une fine barbiche. Mais comme souvent, ce sont les femmes qui sont le clou du spectacle. Elles se peignent une bouche petite et rouge, et s’épilent totalement les pour les redessinner plus haut sur le front. Elles arborent une longue chevelure noire, lisse et brillante qui tombe en cascade sur leurs épaules. Niveau tenue, elles revêtent une robe dite « à douze couches » complexe, bien que le nombre réel de couches varie. Ces robes changent en fonction des saisons, suivant un système de combinaisons de couleurs représentant des fleurs, des plantes et des animaux spécifiques à une courte période calendaire.
C’est au cœur de cette cour des Fujiwara, et très certainement sous cet apparence extrêmement léchée, que notre écrivaine Murasaki Shikibu a évolué. Murasaki Shikibu est un nom de plume, et son patronyme véritable serait d’après les historiens Fujiwara no Kaoriko (藤原香子), ce qui la rattache directement au clan dominant. Elle serait née à Kyoto en 973. Son père est un dignitaire de la cour et un poète, issu d’une branches moins prestigieuses de ce clan, ce qui l’inscrit dans des rangs intermédiaires de l’aristocratie, au même niveau que les gourverneurs provinciaux. A cette époque, les femmes ne bénéficient pas de l’enseignement du chinois, qui est la langue de la cour et du savoir ; toutefois ce n’est pas le cas de Murasaki dont le père artiste et érudit a probablement particulièrement soigné l’éductation. Elle se révèle très douée et se contruit peu à peu une réputation de femme d’esprit. Elle se marie avec un autre dignitaire du clan Fujiwara et donne naissance à une fille Daini no Sanmi, qui sera elle-même une poétesse connue. Elle devient veuve à peine 2 années après s’être mariée, puis elle devient dame d’honneur de l’impératrice Shôshi, l’une des deux impératrices-consort. Elle atteint ce poste probablement grâce à son talent d’écrivain. Car c’est pendant ces années de mariage, ou directement après, qu’elle écrit le Dit du Genji.
Murasaki Shikibu représentée ici dans un nishiki-e datant d’environ 1765 par Komatsuken.
Le Dit du Genji
Le Dit du Genji aurait été écrit en kana, « aurait » car le manuscrit original a disparu. Le kana est un langage et une écriture plutôt destiné à un public de femmes ou du moins de la sphère privée. Il autorise par la même occasion une certaine liberté concernant les thématiques abordées et le ton.
L’intrigue se déroule pendant l’époque de Heian, la même que son autrice. Le Genji est l’un des fils de l’empereur qui ne peut pas accéder au trône et que l’on suit dans les 54 chapitres, soit 1300 pages de l’oeuvre. Il est une sorte de Casanova pourvu d’une beauté extraordinaire, à la fois poète accompli et charmeur de femmes. On suit ses tribulations au sein de la cour, son amour impossible avec sa belle-mère Lady Fujitsubo, sa relation conflictuelle avec sa femme et ses multiples aventures amoureuses. C’est une œuvre extrêmement dense, avec de 200 personnages qui sont pour la plupart désignés par leurs titres à la cour impériale, ou par des surnoms parfois poétiques, parfois plus cocaces comme Brume-du-soir, belle du matin, La Fleur dont se cueille la pointe, ou barque-au-gré-des-flots.
Si on prend en compte la date de l’œuvre, les sujets abordés sont très en avance sur leur temps : on se croirait à bien des égards dans La Princesse de Clèves version japonaise médiévale. Il y a la femme bafouée, le mari jaloux, les courtisanes jalouses de la favorite, le séducteur impénitent, la fascination du pouvoir, les différentes classes sociales, le pouvoir de l’argent.
Car au-delà de l’intrigue, ce qui distingue le récit de Murasaki Shikibu ce sont ses nombreux monologues intérieurs. Ainsi, Le Dit du Genji serait non seulement le premier roman de l’histoire, mais encore serait-il le premier d’un genre qui ne verra chez nous le jour qu’au XVIIe siècle : le roman psychologique. Le roman psychologique se définit comme une œuvre de fiction en prose qui met l’accent sur la caractérisation intérieure de ses personnages, ses motivations, circonstances et actions internes qui naissent ou se développent à partir des actions externes.
Après le Dit du Genji de Murasaki Shikibu, il faudra attendre Cervantes et son Don Quichotte en 1605, soit 5 siècles plus tard.
La postérité
Quelle a été la postérité de l’œuvre de Murasaki Shikibu ? Heureusement, Murasaki Shikibu ne fait pas partie du cercle des poètes maudits. Outre le Dit du Genji, Murasaki a écrit un journal qui compile des anecdotes sur la vie à la cour de Heian.
Et dès sont vivant, l’autrice aurait connu un franc succès. D’ailleurs, Son poste de dame d’honneur lui aurait même été accordé afin de lui permettre d’écrire. Ensuite, le Dit du Genji devient un des thèmes de prédilection des peintres qui représentent les passages les plus fameux de l’œuvre. Puis au XIXe siècle, allant de paire avec la volonté de modernisation du Japon, l’œuvre tombe un peu dans l’oubli, avant de revenir sur la scène grâce à sa reparution en 1913 en japonais moderne. Il sera même par la suite adapté en manga. Aujourd’hui, Murasaki Shikibu est une personnalité très reconnue au Japon, et figure même sur les billets de 2000 yens.
Pour lire un extrait du Dit du Genji, rdv ici : extrait du Dit du Genji aux Editions Verdier. Petite précision sur cette lecture avant de terminer notre épisode : on parle dans l’extrait de Yô Kihi, ancienne favorite de l’empereur de Chine qui aurait vécu au 8e siècle. L’empereur en était tellement épris, qu’il accorda à l’entourage de sa bien aimée des postes de pouvoir, dont son cousin qui fomenta une rebellion. L’histoire d’amour se finit en tragédie digne de Roméo et Juliette, lorsque l’empereur, après avoir été contraint par l’armée à ordonner l’exécution de sa bien aimée, part retrouver son esprit avec l’aide d’un sorcier taoïste.
Bonne écoute !
Bonjour à vous cher auditeurs. Cet épisode est un peu spécial car c’est le dernier avant une pause de 6 mois, le temps d’un congé maternité. Pour l’occasion, et en cette saison de pleine floraison, nous avons la joie d’inviter Sophie Le Berre, spécialiste de botanique et plus spécifiquement de fleurs japonaises.
Après des études de Japonais, et plusieurs années passées au Japon en tant que chargée des relations internationales pour la ville de Takamatsu, Sophie Le Berre s’est prise de passion pour les plantes japonaises, et plus particulièrement les fleurs de la période d’Edo, lorsque que les seigneurs utilisaient les jardins comme outils d’apparat. Aujourd’hui, Sophie prépare sur ce thème un doctorat à l’Université de Paris et organise des voyages au Japon au fil des floraisons et des saisons.
Dans cet épisode d’avril, nous allons donc évidemment parler sakura, le fameux cerisier japonais, et la raison pour laquelle les Japonais en sont si fous. Nous allons parler aussi d’ikebana, et de cérémonie du thé, qui ont tous deux beaucoup contribué au déploiement du goût japonais pour les fleurs. Enfin, Sophie vous parlera de ces fameux jardins de la période d’Edo et vous donnera des conseils d’itinéraires de voyage au Japon en fonction des saisons, ainsi que des sites à visiter en France.
Le petit questionnaire Tsukimi :
- Son plat japonais salé préféré : Les nouilles froides de sarrasin (soba) en été et le pot au feu oden (avec des oeufs, des légumes, des « gâteaux » de poissons divers) en hiver.
- Sa douceur japonaise favorite : Le sakura-mochi, évidemment !
- Son goût ou parfum préféré : Le dashi, qui est vraiment la base de la cuisine japonaise. Pour le parfum, celle des azalées satsuki au mois de mai, et aussi des fleurs d’osmanthes au mois d’octobre.
- Si elle était un goût ou un parfum japonais : le yuzu, qui me renvoie à un merveilleux souvenir avec ma professeure d’ikebana.
- Sa saison préférée. L’automne.
- Une bonne adresse autour du Japon en France. Le musée Guimet et son pavillon de thé à Paris, le restaurant Nobuki à Tours.
- Une bonne adresse au Japon : il y en a tellement ! Fiez-vous à vos sensations et n’hésitez pas à toquer aux portes qui sentent bon.
- Son mot japonais préféré : Hana, fleur en japonais.
- Son conseil lecture : Chronique japonaise, de Nicolas Bouvier. Et Histoire du Japon et des Japonais par Edwin O. Reischauer.
- Son invité : Esther Miquel, « pionnière de l’ekiben », le bentō vendu traditionnellement dans les gares japonaises; son entreprise s’appelle Koedo.
Références :
- Site internet de Sophie Le Berre : https://www.sophieleberre.fr/
- JET (Japan Exchange and Teaching Programme) : https://www.fr.emb-japan.go.jp/itpr_fr/JET.html
- Ikebana « l’art des fleurs vivantes »
- Sur les trois principales écoles d’ikabana au Japon : https://www.slowkyoto.com/3-ecoles-3-visions-de-likebana/
- Botanique = sauvage, naturel. Horticole = créé par l’homme.
- Shogun Tokugawa : famille qui a pris le pouvoir au XVIIe siècle et choisit comme capitale Edo, ancien nom de Tokyo.
- Tsubo-niwa : jardin d’intérieur des machiya, les maisons de ville traditionnelles à Kyoto.
- Le chabana (茶花) est le style d’arrangement floral qui a été spécialement créé pour la cérémonie du thé au Japon.
- Les jardins japonais en France : le parc oriental de Maulévrier. Et le parc Musée Albert Kahn, qui contient notamment un jardin japonais.
- Ipomée = visage du matin en japonais, asagao (asa = matin, kao qui devient gao car mot devant = visage); l’ipomée fait partie de la famille (botanique) des Convolvulacées, comme le liseron de nos jardins.
- Les jardins qui entouraient autrefois des résidences seigneuriales : le Hama-rikyū (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_Hama-riky%C5%AB) et le Kyū-shiba-rikyū (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_de_Ky%C5%AB_Shiba_Riky%C5%AB)
- La variété de cerisier étalon : Prunus x yedoensis ’Somei-yoshino’ (on écrit le nom de genre, Prunus, et le nom d’espèce, yedoensis, en italique; les guillemets simples indiquent le nom de la variété horticole, créée par l’homme).
- Le pépiniériste belge est Benoît Choteau, c’est désormais son fils qui a pris la relève, Pépinières Choteau, site Internet : https://www.pepinieres-choteau.com/
- L’abricotier du Japon qui donne les ume-boshi porte le nom botanique, scientifique de Prunus mume, son nom courant japonais est « ume » (à prononcer oumé) => Le Prunus x yedoensis ’Somei-yoshino’ et le Prunus mume font tous deux partie de la même famille botanique, les Rosacées.
Si le nom de Jean-Baptiste Meunier ne vous parle pas, celui de Kodawari Ramen fera sans aucun doute « tilt » ou peut-être devrait-on dire dans ce cas précis « sluurp », du bruit qu’il est de bon aloi de faire au Japon tout en dégustant ce plat à base de bouillon et de fines pâtes glissantes. Kodawari Ramen, c’est une adresse incontournable pour les amateurs de ramen en France. Le ramen est l’un des plats les plus populaires au Japon, et lorsque Jean-Baptiste Meunier les a ramené de la péninsule, il était encore très peu connu en France.
Comment ce pilote de chasse s’est-il retrouvé à faire des ramen son métier ? Quel est le secret d’un bon ramen ? Quels sont les clés de la réussite flamboyante de Kodawari Ramen ? Voici quelques unes des questions que nous avons posées à notre invité.
Partons donc partager avec Jean-Baptiste Meunier, un peu de sa quête du parfait dashi.
Le petit questionnaire Tsukimi :
- Son plat japonais salé préféré : les ramen, évidemment !
- Sa douceur japonaise favorite : Le taiyaki (gauffre en forme de poisson) fourré d’une ganache chocolat blanc.
- Son goût ou parfum préféré : l’association du dashi, mirin et du shoyu.
- S’il était un goût ou un parfum japonais : le miso, un produit de la terre, qui a besoin de maturer.
- Sa saison préférée. L’hiver… parce qu’on peut pas tomber plus bas !
- Une bonne adresse autour du Japon en France. Kioko, l’épicerie historique du quartier de l’Opéra où j’allais petit dénicher des merveilles.
- Une bonne adresse au Japon : Koyasan, ce mont sacré, gigantesque complexe de temples situé au milieu d’une forêt de cèdres.
- Son mot japonais préféré : Kodawari, qui signifie têtu, pointilleux.
- Son conseil lecture : le livre sur les ramen d’Ivan Orkin : https://www.libristo.eu/fr/livre/ivan-ramen_01990354?gad_source=1&gclid=Cj0KCQiAw6yuBhDrARIsACf94RUKrTdA1vVfRUp942SNicOaCX4JJMTqWIsrzLQW8_p9Ut5YucX50kcaAgmeEALw_wcB
- Son invité : Stéphane Jégo, cuisinier de l’Ami Jean et passionné de Japon. Romain Gaïa, fondateur de Tomo.
Références :
- Site de Kodawari ramen : https://www.kodawari-ramen.com/
- Restaurant Kikanbo à Tokyo, très bons ramen assez épicés : https://www.tripadvisor.com/Restaurant_Review-g1066443-d1698900-Reviews-Karashibimisoramen_Kikanbo_Kanda-Chiyoda_Tokyo_Tokyo_Prefecture_Kanto.html
- Shima, restaurant de ramen à Shinjuku. Y aller avant 9h30, indiquer le créneau sur une feuille. https://www.ramenguidejapan.com/reviews/2021/12/7/ramen-ya-shima-
- François Reichenbach, parrain de Jean-Baptiste Meunier, réalisateur de documentaire.
- Date de création des ramens : officiellement en 1910 à Asakusa le restaurant Laï Laï Ken. En réalité les choses se sont installées progressivement depuis l’ouverture du Japon à la moitié du 19e sieècle, avec l’arrivée de Chinois au port de Yokohama. Les Chinois pouvaient alors soit être dockers soit cuisiniers. Ce fut le début de ce qui va devenir ensuite le ramen, plat japonais.
- Ecole de Ramen à Osaka : la Ramen Dream Academy. Proposent des formations de 1 journée. https://www.reddit.com/r/ramen/comments/6gsrpy/a_trip_to_the_ramen_dream_academy_in_osaka/?rdt=55842
- Blog de l’ami américain de JB Meunier, passionné de ramen : « Ramen Adventure » https://ramenadventures.com/
- Koitani-san, chef ramen.
- Le Walker, magazine spécialisé dans le ramen le plus connu au Japon.
- Le tare (prononcer « taré ») : nom donné à la sauce dans les ramen.
- Sun noodle, fabricants de nouille japonais installés à Hawaï, aux USA et en Europe.
- Restaurant Nagi, chaîne de bons ramens au Japon. Leur premier qui est très connu à Tokyo est celui-ci: https://www.tripadvisor.fr/Restaurant_Review-g14133667-d1671621-Reviews-Niboshi_Ramen_Nagi_Shinjuku_Golden_Gai_Store_Main_Building-Kabukicho_Shinjuku_T.html
- Ramen Yamaguchi à Shinjuku, Tokyo : autre très belle adresse. https://www.ramenguidejapan.com/reviews/2018/11/28/ramenyamaguchi`
- Musée du ramen, à Shin-Yokohama.
C’est la deuxième fois du podcast que je reçois un couple, et pas des moindres dans le paysage culinaire français. Il s’agit de Kyoko et Laurent Duchêne, de la prestigieuse Maison Laurent Duchêne qui possède plusieurs boutiques à Paris. Kyoko est chocolatière et se charge de la création des chocolats de la maison, tandis que Laurent Duchêne, meilleur ouvrier de France, se charge de la partie pâtisserie. J’ai eu la chance de travailler avec eux en 2020, pour créer un mochi éphémère, devenu un incontournable de notre carte : le mochi chocolat-sarrasin. C’est donc avec une grande évidence que je les reçois aujourd’hui ou plus précisément qu’ils me reçoivent au cœur de leur atelier parisien dont vous entendrez quelques bruits de cuisine.
Le petit questionnaire de la fin avec Kyoko et Laurent Duchêne :
- Quel est votre plat japonais salé préféré ? La miso shiru (soupe miso) pour Kyoko, le shabu-shabu pour Laurent Duchêne.
- Et la douceur japonaise que vous aimez par dessus tout ? Pour Laurent le karukan (gâteau vapeur à base farine de riz et yam) spécialité de Kagoshima d’où est originaire Kyoko. Pour Kyoko : les satsuma imo (patates douces japonaises à la chair incroyablement sucrée) au four.
- Et quel est votre goût ou parfum préféré ? Agrumes japonais et en particulier les mikan pour Kyoko. Le shoyu pour Laurent Duchêne, qui conseille celui de la Maison du Koji. https://www.instagram.com/maisondukoji/?ref=S0ezHXbA&hl=en
- Si vous étiez un goût ou un parfum japonais, quel serait-il ? Pour les deux : du shoyu ! Pour la force de caractère, la multiplicité des goûts, une grande variété d’utilisation.
- Quelle est votre saison préférée ? Le printemps pour Kyoko, l’hiver pour Laurent.
- Une bonne adresse autour du Japon en France ? Nishikidori, qui a une très belle sélection. Et le restaurant Kanadé près d’Opéra.
- Et une bonne adresse au Japon ? Une bonne adresse de Onsen près de Kirishima. Orihashi-Ryokan : https://orihashi.co.jp/
- Quel est votre mot japonais préféré ? Zen pour Kyoko et kawaï pour Laurent.
- Quelle personnalité ayant une relation privilégiée avec le Japon souhaiteriez-vous entendre dans ce podcast ? Monsieur Yoshio HITO ,Oeno connexion Paris 3eme, www.cpvin.com qui travaille dans le vin naturel.
Références :
- Site internet de la maison Laurent Duchêne : https://www.laurentduchene.com/
- Le nom du producteur de thé matcha à Kirishima : Mr Henta, Henta sencha, Kirishima city, www.henta.co.jp
- Les contrats permettant de travailler une année à l’étranger : Working holiday. Valable pour une durée de un an, ils sont obtenu en formulant la demande auprès de l’ambassade de France au Japon.
- La destination préférée de Laurent et Kyoko Duchêne : Ishigaki dans l’archipel de Okinawa.
Eric Pillault est un directeur artistique, photographe et graphiste français. Mon invité est aussi évidemment un passionné du Japon. Mais attention, pas n’importe quel passionné, comme vous et moi, qui se satisfait d’un voyage tous les 5 ans et de beaux-livres sur le sujet. Non, c’est un passionné-passionné, qui a décidé de pousser son rêve japonais jusqu’à acheter une machiya à Kyoto. Alors qu’est ce qu’une machiya ? La machiya est une maison de ville traditionnelle faite de bois, typique du centre historique de Kyoto. Elles sont devenues parmi les lieux les plus prisés pour un séjour dans l’ancienne capitale. Comment s’est-il lancé dans cet incroyable projet ? Quelles sont ses sources d’inspiration au Japon ? Ses bonnes adresses ? Partons donc à la découverte du Japon de Eric Pillault.
Le petit questionnaire de la fin avec Eric Pillault :
- Son plat japonais salé préféré ? L’oden, sorte de pot-au-feu à la japonaise.
- Sa douceur japonaise favorite : le mame mochi, avec des haricots grillés dans l’enveloppe, servis chez Futaba à Demachi, Kyoto.
- Son goût ou parfum préféré. Cèdres japonais de la variété hinoki et tsugi.
- S’il était un goût ou un parfum japonais. Le hinoki aussi qui invite à l’élévation.
- Sa saison préférée. L’automne.
- Une bonne adresse autour du Japon en France. Irrashai https://irasshai.co/en
- Et une bonne adresse au Japon ? Les madeleines et les biscuits de Kaishindo : https://www.murakami-kaishindo.jp/index.html
- Quel est votre mot japonais préféré ? Kanpai, qui signifie santé !
- Quelle personnalité ayant une relation privilégiée avec le Japon souhaiteriez-vous entendre dans ce podcast ? François Simon, journaliste et critique gastronomique.
Références :
- Compte instagram de Eric Pillault : https://www.instagram.com/ericpillault/?hl=en
- Compte Linkedin : https://www.linkedin.com/in/eric-pillault-89ab6b71/?originalSubdomain=fr
- La machiya de Eric Pillault : https://pen-online.com/fr/design/la-machiya-kyotoite-de-eric-pillault/
- Agence immobilières à Kyoto : Hachise (https://www.hachise.com/) Iyeya (https://iyeya.jp/).
J’ai découvert Gaëlle Rousseau lorsqu’elle se lançait dans la culture du thé en Normandie juste après le confinement. Puis, lorsque qu’elle est partie au printemps dernier faire la récolte du thé dans une ferme japonaise, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je l’invite sur le podcast. Pourquoi s’est-elle lancée dans la culture du thé en France ? Comment s’est-elle prise pour travailler dans une ferme de thé japonaise ? Voici quelques unes des questions que j’ai posé à Gaëlle Rousseau.
Le petit questionnaire de la fin avec Gaëlle Rousseau :
- Son plat japonais salé préféré : Bubuzuke, appelé également Ochazuke. Voyez ici l’article dédié écrit par Mathilda Motte sur Cuisine en Bandoulière : https://www.cuisineenbandouliere.com/ochazuke-saumon-algues-et-pomme-verte/
- Sa douceur japonaise favorite : Le Sakura Mochi, un mochi fourré à l’anko (crème de haricot rouge), enroulé dans une feuille de cerisier saumurée.
- Son parfum japonais préféré : l’umami du gyokuro, l’un des thés les plus prestigieux (et chers!) du Japon.
- Si elle était une saveur : l’algue nori.
- Sa saison préférée : le printemps, parce que c’est la première récolte de thé.
- Sa bonne adresse autour du Japon en France : Aki, la boulangerie-pâtisserie japonaise de la rue Saint Anne à Paris.
- Sa bonne adresse au Japon : Kōzan-ji temple au nord de Kyoto : le premier jardin où l’on aurait cultivé le thé au Japon. Il est classé à l’UNESCO.
- Son mot japonais préféré : Ikigai (生き甲斐), lit. « la raison d’être ». L’ikigai est une quête pour trouver le sens profond de sa vie, dans le sens l’activité, la pratique, qui va nous accomplir.
- La personnalité qu’elle aimerait entendre parler du Japon : Anne-Sophie Pic.
Références :
- Les pionniers de la culture du thé de dégustation en Europe : c’est le Portugal dès le 18eme siècle dans les îles des acores en France.
- Denis Maserol en Bretagne est l’un des premiers à cultiver le thé en France, il s’est lancé il y a une quinzaine d’années.
- Cultivateur de thé en Italie : Paolo Zacchera, de la compagnia del laguo à un beau jardin sur les rives du lac majeur. Son site : https://www.compagniadellago.com/
- La ferme où Gaëlle Rousseau as travaillé 3 mois se situe à Wazuka dans le Kansai, elle s’appelle Obubu. Son site internet : https://obubutea.com/#
- Pour visiter la plantation de thé Obubu près de Kyoto : https://obubutea.com/guided-tea-tour/
- Pour faire un stage comme Gaëlle : https://obubutea.com/about-us/internship/
- Les cultivars de thés cultivés par Gaëlle Rousseau : le camélia sinensis sinensis seulement.
- Aracha = littéralement thé cru, c’est le thé produit par les fermiers avant le tri.
- Kyo bancha : thé aux feuilles larges, issu d’un cuisson vapeur plus longue que normale, puis grillé.
- Kabuse : technique d’ombrer les théiers quelques semaines avant la récolte.
En 2018, Elodie Crochet créé sa marque de thés aux arômes exclusivement naturels qu’elle nomme Instants Botaniques. D’entrée de jeu, j’ai été séduite par l’identité visuelle de sa maison, calme et élégante, à l’image de ses produits. A l’occasion d’une deuxième collaboration autour d’une mochi-box commune, Elodie a accepté de répondre à mes questions. Marché du thé, création d’entreprise, label bio,… Elodie aborde le thé sous toutes ses facettes avec beaucoup de transparence et de simplicité. Je l’en remercie et j’espère que cet entretien vous plaira !
Bonjour Elodie, pourrais-tu me raconter l’histoire de la création d’Instants Botaniques, ce qui t’a poussé à te lancer ?
J’ai été pendant 10 ans salariée dans le domaine social. Je travaillais sur des thématiques assez lourdes comme l’intégration des personnes étrangères, les addictions, la maltraitance vis-à-vis des femmes. Au terme de ces dix années, j’ai eu envie de me lancer à mon compte et de partir vers quelque chose de plus léger.
Quelles ont été les étapes par lesquelles tu es passée pour créer ta marque ?
J’étais déjà une grande amtrice de thés, d’abord de thés parfumés, puis de thés natures. J’ai donc eu l’idée de créer une marque de thés très proches de la nature, de la plante. J’ai effectué une formation à l’école du thé du Palais des thés puis j’ai fait une étude de marché. J’ai aussi fait circuler un questionnaire assez précis auprès de mes proches. Puis j’ai été à la rencontre de fournisseurs français. Je n’avais en effet pas le budget pour aller sourcer directement dans les pays producteurs de thé. J’ai trouvé en Bretagne un grossiste en thé qui était aligné avec mon souhait d’un thé sans arôme chimique, et subtilement parfumé. Nous avons démarré avec 20 références en thé conventionnel puis l’année suivante j’ai lancé la gamme bio et participé au salon des « Gourmet Sélection » qui regroupe des produits d’épiceries fines. J’en ai été très satisfaite, et j’y ai trouvé mes premiers clients professionnels.
L’image d’Instants Botaniques est particulièrement léchée, pourquoi était-ce si important pour toi et comment l’as-tu créée ?
En tant qu’amatrice de thé, ce que je recherche en achetant ce produit, c’est de m’offrir un moment de bien-être, m’immerger dans un univers qui me plaît et qui me fait du bien. Le nom Instants Botaniques découle de l’association entre cette idée de moment pour soi, et des bienfaits des plantes. D’un point de vue esthétique, je voulais traduire cette envie dans un langage simple et épuré. Je ne suis pas graphiste, aussi j’en ai tout simplement cherché sur internet et j’ai fait la connaissance de Noémie Cédille. J’ai tout de suite adhéré à son univers tout en douceur et les propositions qu’elle m’a faite correspondaient parfaitement à ce que j’avais imaginé. Car le visuel est déterminant pour provoquer l’achat : il est rare que le client puisse goûter au thé avant de l’acheter. Aussi il est essentiel de travailler l’extérieur afin qu’il ressemble à ce qui se trouve à l’intérieur. D’autant que c’est aussi souvent un produit que l’on offre.
Pourrais-tu résumer en trois mots les valeurs d’Instants Botaniques ?
Qualité, simplicité, naturel.
Quelle est ta vision du bio dans le monde du thé ?
Lorsque j’ai créé la marque, le besoin de bio n’était pas très fort chez mes clients français, d’autant moins si les plantes, comme nos infusions, viennent de France. Après sur le moyen terme, il semble évident que nous allons évoluer vers plus de bio. Mais le label a des limites, comme celui de ne pas être à la portée des petits producteurs qui sont nombreux dans les pays cultivateurs de thé. Pour autant, ces derniers peuvent bien travailler sans trace de pesticide. Ce sont des choses que je vérifie auprès de mon fournisseur avant de commander.
Que signifie pour toi le thé à la française ?
Pour moi, le thé à la française c’est l’art de parfumer délicatement le thé. Il existe de grandes maison qui font cela très bien comme Mariages Frères et qui rencontrent même un franc-succès auprès de pays cultivateurs de thé comme le Japon. Mais c’est important selon moi de rester dans la simplicité, la naturalité, la mise en valeur du thé en lui-même. Je ne trouverais pas de sens à proposer des thés aux parfums trop éloignés comme crumble aux pommes ou tarte au citron.
Et le thé à la japonaise ?
Pour moi le thé à la japonaise, c’est la sérénité, le calme, la tradition. Je pense tout de suite au matcha et à la cérémonie du thé, mais c’est aussi une très belle diversité de thés verts (les sencha, les genmaicha, les hojicha…).
A La Maison du Mochi, nous aimons la douceur. Est-ce une valeur qui te parle ?
Enormément. Pour moi, les « instants » d’Instants Botaniques sont des havres de douceur que l’on s’accorde dans la journée. C’est la raison pour laquelle, en plus des thés, je souhaite élargir l’univers en proposant des ustensiles, des accessoires qui permettront de créer ce cocon de douceur.
Et pour finir, quels sont tes projets à venir ?
Je souhaite précisément développer le côté accessoires. J’adore notamment le plateau en forme de nuage que je propose sur notre e-shop et j’aimerais développer une gamme d’objets fabriqués au Vietnam. Je songe aussi à ouvrir un point de vente en Bretagne où je vis depuis peu.
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