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Étiquette : histoire du japon

Pour ce 4e épisode de portraits historiques, nous allons parler du 3e unificateur du Japon : Ieyasu. Ieyasu prend la suite de Hideyoshi, le shogun qui a ordonné la mort du fameux maître de thé Sen no Rikyu, dont je vous ai fait le portrait dans l’épisode précédent.

Je vous ai un peu parlé lors de cet épisode, ainsi que dans celui portant sur les samouraï, du contexte très tumultueux du 16e siècle. Mais pas suffisamment encore pour pleinement planter le décor dans lequel émerge Ieyasu. Imaginez un pays en proie au chaos, un territoire morcelé en des dizaines de fiefs où seigneurs et guerriers s’entretuent pour un lopin de terre ou un titre prestigieux. Le Japon du XVIᵉ siècle, c’est une arène où l’honneur et la trahison s’entrelacent dans une danse meurtrière. Un champ de bataille permanent où les seigneurs de guerre, ou daimyos, s’affrontent sans relâche dans l’espoir d’unifier le pays sous leur bannière. L’époque est marquée par les trahisons, les sièges sanglants et les alliances aussi éphémères qu’un haïku dans le vent.

Dans ce tumulte, un homme ne se précipite pas vers la gloire à coup de sabre. Il attend, il calcule, il place ses pièces une à une sur l’échiquier du pouvoir. Il observe ses rivaux se briser contre les tempêtes qu’ils ont eux-mêmes déclenchées. Et quand il agit enfin, c’est pour frapper d’un coup décisif.

Cet homme, c’est Tokugawa Ieyasu. Son arme ultime n’est ni le katana, nom que l’on donne au long sabre des samourai, ni les armes à feu qui sont introduites à la même époque sur le champs de bataille. Non, son arme, c’est une patience infinie et un instinct politique redoutable. En 1600, après des décennies de manœuvres habiles, il triomphe à Sekigahara et pose les fondations d’un Japon stable et prospère pour plus de 250 ans. Cette période, c’est l’époque d’Edo.

Dans cet épisode, nous verrons comment Ieyasu a survécu à son enfance d’otage, tissé des alliances clés, conquis le pouvoir par la ruse et a instauré une paix durable.

Vocabulaire :
Le Sankin-kotai : les seigneurs doivent vivre une année sur deux à Edo (Tokyo), maintenant leurs familles comme otages.

Pour cet épisode de mars, nous parlons de Sen no Rikyū, celui que l’on considère comme le plus grand maitre du thé de tous les temps, et qui s’est donné la mort à 70 ans sur ordre du seigneur de guerre Hideyoshi, qu’il servait. Allons à sa rencontre le temps de cet épisode : Sen no Rikyu a vécu au XVIe siècle, de 1522 à 1591, il est le contemporain de Oda Nubunaga, le seigneur samouraï dont nous avons parlé dans l’épisode dernier, celui qui a introduit les armes à feu sur le champs de bataille.

Rikyu va d’ailleurs devenir son maître de thé, ainsi que celui de son successeur Hideyoshi. Avec Ieyasu, ils sont surnommés les trois grands unificateurs du Japon, qui à l’issue de combats acharnés, ont uni le pays. Mais plutôt que le bushido, la voie du guerrier, Sen-no-rikyu s’est consacré tout entier à la voie du thé, le sado. Comme le bushido, le sado est une voie d’accomplissement qui dépasse largement la simple préparation d’une boisson. Ce faisant, il a révolutionné l’esthétique japonaise et a développé un mode de vie basé sur la simplicité, l’humilité et la spiritualité. Son approche connue sous le nom de wabi-cha a marqué non seulement la cérémonie du thé, mais aussi l’art, l’architecture et la pensée zen au Japon.

Sen-no-Rikyu par Tōhaku Hasegawa (1539-1610).

Comment Sen-no-Rikyu a-t-il réussi à jouer un rôle si important aux yeux de ses contemporaines et dans l’histoire du Japon, lui qui était juste maitre de thé ? Qu’est ce qui a amené Hideyoshi à ordonner la mort de Riyuku qui était son serviteur et confident ? Et pourquoi la voie du thé est-elle si importante pour comprendre la culture japonaise ? Voici quelques unes des questions auxquelles nous allons tenter ici de répondre.

Références :

  • Le Maître de thé, de Yasushi Inoué.

Vocabulaire :

  • Chanoyu, littéralement « eau chaude pour le thé » est un des noms utilisés pour désigner la cérémonie du thé. On utilise aussi sado.
  • Kaiseki ou cha-kaiseki : repas léger servi avant la cérémonie du thé.
  • Wabi évoque les notions de simplicité, de nature et de mélancolie.
  • Sabi quant à lui évoque l’altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure. D’ailleurs le caractère sabi (寂?) est gravé sur la tombe de l’écrivain Junichirō Tanizaki, auteur du fameux Eloge de l’ombre, et qui est enterré dans le temple Hōnen-in à Kyoto.

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